Une gare parisienne, un train qu'on attend... En ces lieux, d'ordinaire, une banale envie de pisser se traîne comme une corvée dans des sous-sols obscurs. A Austerlitz, pas. Plus, en tout cas, depuis le début de juin, et que tout un flanc du hall Arrivées s'y encombre d'un palais de verre dépoli «Relais-toilettes» pour mictions triomphales. Si on ne peut le manquer, on bée avant que d'y croire.
Devant l'entrée, consultez la carte comme un menu. Ici, de 06 heures à minuit, on pisse de luxe: «WC hommes, urinoirs: 4 F.» (pour les dames et les handicapés, idem). On se lave aussi, cher aussi: 40 F; plus cher que la pistoche, mais «deux serviettes, un savon, un gel corps, un gel cheveux, 20 minutes». A l'accueil est une jeune femme, plus hôtesse que dame-pipi. Parlez-lui. Elle dit que la gestion privatisée des vessies voyageuses, c'est mieux que par la SNCF, qui l'employait auparavant. Plus propre, plus beau, plus tout ça... Vous n'en doutez pas, car elle le dit joyeusement. N'empêche, quatre francs pour pisser! Elle vous devine du coin de l'oeil, qui songez exclusion et fracture sociale, mais vous n'y êtes pas du tout, mon vieux! «Vous savez le tarif des toilettes SNCF?» Ben non, vous ne savez pas. Alors, elle, souriant avec indulgence à votre candeur: «2,80 F.» ça vous fait soudain réfléchir. Vous devriez sortir plus.
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