Il fallait un porte-parole pour exprimer la grogne latente des députés socialistes. Jérôme Cahuzac (Gironde) s'est dévoué. Hier midi, à l'occasion de la réunion de rentrée du groupe PS à l'Assemblée nationale, l'élu téméraire s'en est pris au ministre de l'Economie et des Finances, Laurent Fabius, venu présenter les grandes lignes du budget 2001. Il a reproché au plan fiscal du locataire de Bercy d'avoir attisé les revendications des routiers, faute de vision d'ensemble. Et s'est étonné que «120 milliards de baisses d'impôt» se traduisent par un «pays bloqué» pendant une semaine. Le reflet d'un sentiment largement partagé dans les rangs socialistes: «Tout le monde a fait le lien, mais personne n'osait accuser directement Fabius. On peut remercier Cahuzac de l'avoir fait», reconnaissait Michel Françaix (Oise) à la sortie.
«Je vais me le payer!» La sortie du député de Gironde a rendu Fabius furieux. «Je vais me le payer!» a-t-il lâché en aparté au moment de lui répondre. Le ministre des Finances a sèchement répliqué qu'il n'y avait aucun rapport, «ni sur le fond, ni chronologiquement», entre ses annonces et un mouvement que les routiers avaient prévu de lancer bien avant.
Plus mesuré, Alfred Recours (Eure) s'est inquiété de la nécessité de compenser l'abattement de la CSG pour financer la Sécurité sociale. Un de ses collègues a contesté le choix de Bercy de supprimer la vignette plutôt que la redevance audiovisuelle. René Mengin (Meurthe-et-Moselle), lui, a déploré l'absence de