Elle court, elle court la rumeur: Jacques Chirac aurait des ennuis de santé. Tout a commencé le 14 juillet. Raclements de gorge et voix éraillée accompagnent la traditionnelle interview télévisée du chef de l'Etat. Des interrogations fusent, vite étouffées par ses trois semaines à l'île Maurice. A son retour, elles se font plus pressantes. Le 27 août, enroué, empâté et engoncé dans un costume étriqué, il vient afficher sur le perron de l'Elysée son «soulagement» après la libération de trois otages français de l'île de Jolo. Questions sur le physique. Et réponse immédiate de l'entourage présidentiel: «Il boit trop de bière et mange comme quatre.»
C'est insuffisant. Jacques Chirac préfère prendre les devants. «Tu ne trouves pas que j'ai grossi?», demande-t-il à l'un de ses visiteurs, fin août. «Si, un peu», dit l'autre. «J'ai commencé à faire du vélo d'appartement. Mais je me suis fait mal et j'ai arrêté», continue Jacques Chirac en lui montrant le bleu qu'il s'est fait à la jambe. Début septembre, recevant des journalistes de la presse régionale, il en remet une louche.
Questionné sur ses vacances, il explique: «Elles se sont bien passées. Mais mes conseillers me disent que j'ai pris 4 à 5 kilos», alors que des dirigeants gaullistes évoquent le mot «cortisone» soufflé par des professeurs de médecine.
Il s'agit de rassurer sans impressionner. L'Elysée s'en tient pour l'instant au syndrome «boulimie», à défaut de pouvoir se retrancher derrière des bulletins de santé, publiés deux