La nouvelle était tellement mauvaise qu'elle a été longuement évoquée lors du traditionnel petit-déjeuner du mardi des dirigeants socialistes à Matignon. Hier, deux sondages ont enregistré un effondrement de 20 points de la popularité du Premier ministre. Dans la dernière étude Louis Harris-Valeurs actuelles (1), les avis favorables à son endroit passent de 68 % à 48 %; dans la livraison de septembre du tableau de bord BVA-Paris-Match (2), les bonnes opinions tombent de 60 % à 42 %. Pire, selon BVA, ce revers d'une ampleur sans précédent de mémoire de sondeur pourrait se traduire dans les urnes: au deuxième tour de la présidentielle, le chef du gouvernement n'obtiendrait que 45 % des suffrages (49 % en juillet), contre 55 % pour Chirac. En décembre 1999, Jospin raflait 53 % des intentions de vote et, s'il déclinait depuis, il n'était jamais tombé en dessous de 47 %. «Un tournant», a aussitôt commenté Hervé de Charette, président délégué de l'UDF.
Crise des routiers. Plusieurs éléments contribuent cependant à relativiser ces deux études, réalisées au plus fort de la crise des routiers. Lionel Jospin est d'abord victime de la désaffection des électeurs RPR, RPF et FN (avec des chutes atteignant 25 points) qui, de toute façon, ne voteront pas pour lui; il revient donc à un étiage plus naturel. Et dans l'enquête BVA, le PS ne perd que 2 points en cas d'élections législatives et le rapport de force gauche droite est stable. Les dirigeants de la majorité continuent d'occuper le hau