«Il faut y aller, sinon ça va mal finir», hurle l'animateur pour couvrir le tohu-bohu ambiant. José Bové et Bernard Thibault jettent un regard circulaire sous les auvents du stand des Amis de l'Humanité, samedi soir, lors de la fête du journal communiste, à La Courneuve (Seine-Saint-Denis). Plusieurs centaines de curieux se pressent entre les tables, s'agglutinent contre les parois en plastique. Tous attendent avec une impatience grandissante que le leader de la Confédération paysanne, prisonnier en sursis pour dégradation de McDonald's, et le secrétaire national de la CGT achèvent leur steack-frites. «José Bové... Il faut acquitter... José Bové...», scande un groupe. «Ce n'est pas un meeting, c'est un débat», tente l'animateur. Peine perdue: Bové, libre, incarnait la résistance à la «marchandisation du monde»; Bové, condamné, devient figure de proue de la lutte sociale active.
Ce glissement d'image n'a pas échappé à Robert Hue. Croisé quelques heures plus tôt dans les allées de la fête, le dirigeant communiste stigmatisait aussitôt un jugement visant à «criminaliser l'action syndicale». Et de déclarer sans rire aux caméras de France 2: «S'il y avait un McDo à la Fête de l'Huma, j'irais le démonter avec José Bové.» Une impulsion maîtrisée: la chaîne de restauration rapide ne sera sans doute jamais invitée à La Courneuve...
Au stand des Amis de l'Humanité, le débat se poursuit. «J'en ai marre de la politique de Hue-Ubu; de Hue ou de Bové je sais où vont mes préférences», s'empo