Des progrès, mais peut mieux faire: telle est l'appréciation que porte la Cour des comptes dans le sixième rapport annuel sur la Sécurité sociale qu'elle a présenté hier. «La Sécurité sociale française n'a pas encore des comptes véritablement dignes de ce nom, c'est-à-dire donnant une image fidèle, sincère, précise», a souligné son premier président, Pierre Joxe, tout en se réjouissant du retour «tout à fait spectaculaire» à l'équilibre en 1999 du régime général, dont les résultats pour 2000 seront connus demain.
Curiosité hexagonale: le budget de la protection sociale, qui est supérieur à celui de l'Etat et frise les 2 000 milliards de francs, est estimé avec une telle marge d'erreur que, rappelle Pierre Joxe, «les députés discutent de masses financières dont l'ordre de grandeur est celui de l'incertitude comptable». «Comme si, expliquait-il hier, on proposait une augmentation de salaire de 3 % à quelqu'un qui est incapable de connaître ses revenus à plus ou moins 5 % près.»
En attendant cette mise à niveau des instruments de mesure, le rapport réalisé cette année par Claude Thélot relève un certain nombre de dysfonctionnements graves. Ainsi l'accueil dans les caisses d'allocations familiales (CAF). «A Rosny-sous-Bois (93), les allocataires restaient souvent plus d'une demi-heure à l'extérieur, avant d'accéder à une salle trop petite, qui ne pouvait les accueillir correctement, et notamment ne permettait pas à tous de s'asseoir», racontent les magistrats de la cour. La phrase