C'est un déballage courtois. Un constat à l'amiable. Hier matin, dans le huis clos de la réunion du gouvernement qui se tient tous les quinze jours à Matignon, les ministres ont été unanimes pour demander au Premier ministre un retour à «l'esprit de collégialité» qui prévalait jadis. Ils ont exprimé leur nostalgie du mode de travail institué par Lionel Jospin en 1997. «Nous n'avons plus la même façon de débattre collectivement», a déploré Elisabeth Guigou, la ministre de la Justice, en ouvrant le débat. Une intervention particulièrement «forte», qui, comme les suivantes, traduisait un regret de la méthode Jospin et un agacement face à la méthode Fabius.
C'est Lionel Jospin qui a lui-même incité ses ministres à dire ce qu'ils avaient sur le coeur. Dans son propos introductif, le Premier ministre a fait l'analyse de la situation politique. Comme il l'avait fait mardi soir au Cirque d'Hiver, il a appelé la gauche plurielle à préserver son unité et à cesser ses luttes intestines. Il a assuré qu'avec plus de 2 millions de chômeurs, l'emploi demeurait la priorité de son action. Pour la première fois, il a évoqué l'idée de travailler avec ses ministres pour élaborer des projets d'avenir, c'est-à-dire courant au-delà des rendez-vous électoraux de 2002. Puis il a sollicité l'avis de ses ministres.
Absence. Ceux-ci ne se sont pas gênés. La plupart d'entre eux ont pris comme exemple la préparation de la loi de finances 2001. Dominique Voynet, ministre verte de l'Environnement, et Jean-Cl