«Ils» auraient forcé la main du Premier ministre sur la Corse. «Ils» auraient eu la peau d'Allègre, de Sautter, de Zuccarelli, puis de Chevènement. «Ils» auraient essayé, cette semaine, d'accélérer le départ de Martine Aubry... «Ils»: les conseillers de Matignon. Il n'y a pas si longtemps, l'entourage de Lionel Jospin était l'objet des plus grands éloges. Désormais, le sujet fait tousser. Plusieurs ministres rouspètent ouvertement. Des «ex» cognent. Claude Allègre a déploré, dans son dernier ouvrage, l'ascendant pris par Matignon (1). Depuis qu'il a retrouvé sa liberté de parole, Jean-Pierre Chevènement se gausse: «Tout gouvernement qui dure très longtemps voit arriver aux commandes de la décision les petits marquis», confie-t-il. Ambiance.
A son arrivée au pouvoir, décidé à jouer le contraste avec le complexe du bunker assiégé de son prédécesseur, Lionel Jospin avait fixé une limite claire à la cinquantaine de membres de son cabinet: «En aucun cas, un conseiller ne doit court-circuiter le travail des ministres ou se prendre pour le Premier ministre.» Aujourd'hui encore, Olivier Schrameck, le directeur de cabinet de Lionel Jospin, répète que «le rôle des conseillers est et doit rester celui de conseil». Pendant deux ans, sous sa férule ordonnée et apaisée, Matignon a travaillé avec sérieux et discrétion. Et il a fallu attendre l'affaire des paillotes, au printemps 1999, pour que certains conseillers se retrouvent sous les projecteurs. D'aucuns ont tenté d'attribuer la dérive