Secrétaire général de la CFDT de 1971 à 1988, Edmond Maire a été l'artisan du «recentrage» de la confédération sur l'action syndicale. Il fut l'un des premiers à souligner le décalage croissant entre les attentes de la société civile et le discours politique. Il est à ce titre une référence essentielle de la «deuxième gauche».
Martine Aubry semble peu faire confiance aux partenaires sociaux. Cela ne vous surprend-t-il pas de la part de quelqu'un qui vous citait naguère comme un père spirituel?
Je suis profondément attristé et choqué par son attitude politique. Depuis son ouverture au social, à la sortie de l'ENA, jusqu'au social-étatisme dont elle fait preuve depuis plusieurs années, quel chemin parcouru! Hier, elle appelait les entreprises à combattre l'exclusion, avec sa fondation Face. Aujourd'hui, elle mène une guerre ouverte contre le patronat, devenu l'adversaire politique numéro un de la ministre et de la majorité plurielle. Hier, à Pechiney, elle manifestait son intérêt pour le management des entreprises. Aujourd'hui, après avoir éjecté le patronat pour mettre au point un processus conduisant aux 35 heures, elle a conçu une loi qui prétend imposer la façon d'organiser toutes les entreprises françaises. Hier, auprès de Jean Auroux, elle manifestait son intérêt pour les forces sociales. Aujourd'hui, elle les marginalise et tente de faire passer les organismes paritaires sous les fourches caudines de l'Etat. Hier, elle avait une volonté manifeste de réconcilier la politiq