Fécamp envoyé spécial
«Il me faudrait des heures pour l'expliquer.» Et ce mercredi soir, Frédérique Bredin, députée socialiste démissionnaire de la 9e circonscription de Seine-Maritime, ne veut pas prendre le temps. Pas envie. Arrivée discrètement dans la salle des fêtes de Montivilliers, où son dauphin, Patrick Jeanne, tient un dernier meeting avant le premier tour de la législative partielle de dimanche, Bredin en est partie tout aussi discrètement. Une tournée syndicale de bises, des grands sourires et des petits mots d'encouragements. Rien de plus.
«Bébé requin». Assise au premier rang, elle n'a pas pris la parole. Pas envie de déballer les raisons d'une décision prise cet été et annoncée mi-septembre. «Le moment est venu pour moi de passer à une autre forme d'action», avait-elle alors expliqué dans le journal de Fécamp. «Je vais changer d'activité [...]. Même si c'était juridiquement possible, j'ai préféré, pour des raisons éthiques, ne pas poursuivre mon mandat. Il n'est pas question pour moi de cumuler, même si la loi le permet, la fonction de député et un autre métier», poursuivait-elle au moment de rejoindre Lagardère Médias comme directrice de la stratégie et du développement. Elle s'en est tenue à cette explication, sans dire un mot de cette amertume qui perce mais reste enfouie et que ses amis expliquent par «le manque de perspectives» politiques de l'ex-«bébé requin» du début des années 90, conseillère de Mitterrand à 30 ans, députée à 32 ans, ministre à 35 ans.
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