L'autre jour, deux anciens ministres de Lionel Jospin se sont retrouvés pour «bouffer» ensemble. «Et on s'est dit qu'on avait vraiment été la dream team.» Souvenirs, souvenirs... Ils sont neuf dix, demain, avec le départ de Martine Aubry , sur les vingt-six qui composaient la première équipe Jospin, à former ce cercle des ministres disparus. Certains sont partis volontairement, la plupart ont été virés. Ex-fans de Jospin, ils sont encore un peu sonnés. Encore étonnés du contraste entre la chaleur douillette du groupe et la sécheresse de la disgrâce. Ce passage du dedans au dehors les a meurtris, mais c'est aussi leur richesse. Eux seuls aujourd'hui sont en mesure de dire ce qu'il en a vraiment été du théâtre jospinien. De leurs récits ressort l'exaltation collective du début, puis, avec le temps, la lassitude. Et, en filigrane, la silhouette d'un homme, à la barre depuis trois ans et demi, et de plus en plus seul, de plus en plus grave.
Ex-ministres... Fini les ors des palais, bonjour la vie! Christian Sautter donne rendez-vous dans un café des Halles, «mon quartier général», en bas de chez lui. Jacques Dondoux s'occupe d'une association «pour les nouvelles technologies», sise dans le quartier des ministères. Installés non loin, les locaux de République moderne, le «club» de Jean-Pierre Chevènement, se composent de quelques petits bureaux et d'un étroit couloir couvert des caricatures aigres-douces de Jospin par Plantu. Emile Zuccarelli, lui, ne vient plus à Paris qu'une f