Ce n'est pas une sortie, c'est un couronnement. On comprend mieux la fureur de Martine Aubry, il y a quinze jours, quand les «petits marquis» de Matignon pressaient Lionel Jospin d'anticiper son départ. L'anticiper, c'eût été se priver d'un sacre aux petits oignons qui demande une certaine cuisson pour arriver à maturation. Mais quel résultat ! Elle, Paris-Match, TF1, presse nationale, presse régionale, radios privées, publiques, sites web, talkies-walkies, on en oublie, la ministre est partout. Elle s'en va, diva comme la Casta. Ce n'est pas un départ, c'est un tintamarre.
Au nom de quoi, d'ailleurs, jouerait-elle les discrètes ? Elle n'a été poussée dehors par personne, elle ! Ni par la justice ni par le fait du prince. Elle part de son plein gré, à la date et à l'heure choisies par elle seule. Qui peut en dire autant ? Pas son vieux rival Strauss-Kahn, et l'on ne mentionnera pas les Allègre, Sautter, Trautmann, Zucarrelli et autres, remerciés par Jospin pour faute professionnelle plus ou moins grave.
Alors Aubry tient à sa haie d'honneur, aux vivats, aux hourras. Et aux sifflets de la droite pour parfaire son profil de femme de gauche. Son cabinet la salue, ses collègues femmes lui offrent trottinette, broche, bracelet, ses collègues hommes sourient jaune de jalousie. Et le Premier ministre en personne tresse ses lauriers en plein hémicycle de l'Assemblée nationale. Jamais ministre de son vivant n'a connu tel hommage. Quelle riche idée que de partir en pleine gloire ! Et de