«Il y a la femme et la ministre. J'aime bien Martine Aubry, la femme. J'ai le sentiment qu'on fonctionne un peu de la même façon. On est des vraies femmes : on n'est pas des mecs qui font de la politique. On n'est pas non plus des femmes évanescentes. On est des terriennes. On aime bien vivre, la bonne bouffe, les plaisanteries un peu égrillardes. On est préoccupées de notre apparence, mais on sait dépasser ça. La ministre, elle, peut être quelqu'un de dur, et d'une certaine façon psychorigide. Je me suis demandée pourquoi, et j'ai peut-être une explication : les trois dossiers phares qu'elle a portés (les 35 heures, la couverture maladie universelle et les emplois-jeunes), ce n'est pas elle qui les a conceptualisés. Alors, dans un processus d'appropriation, elle a adopté le ton dur des néophytes. C'est de la psychologie de comptoir, je sais, mais c'est une explication qui en vaut une autre ! Ce que j'appelle ses psychorigidités peuvent aller jusqu'au mensonge. Un jour, elle prétendait qu'elle n'avait pas fait une déclaration dont j'avais le texte, écrit, sous les yeux. Mais au fond, elle a raison. Il faut être dure quand on est ministre. Sur l'avortement, je l'ai aussi prise la main dans le sac. C'est le seul vrai sujet d'énervement que j'ai avec elle. Parce que je fais partie de ces quelques rares militantes féministes qui se sont engagées et qu'on ne l'a jamais vue. Si elle peut aussi être blessante, c'est involontairement. Ce n'est pas de la méchanceté. On la dit arrogan
Interview
«Vraie femme, ministre psychorigide».
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publié le 18 octobre 2000 à 5h31
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