L'opposition parlementaire parle dans le vide, le sait, se soigne. Hier, au deuxième jour du débat budgétaire à l'Assemblée nationale, les groupes RPR, UDF et DL ont annoncé la mise en place d'un comité de liaison chargé d'établir «des règles de bonne conduite» et de travailler à «l'union au quotidien».
Le mot d'ordre est ambitieux, les réalisations encore modestes: en témoignage de leur réconciliation, les trois composantes de l'opposition vont déposer dix amendements communs visant à amplifier les baisses d'impôt prévues dans le budget 2001. C'est résumer leur accord à peu de chose: à lui seul, le RPR en présentera une bonne centaine.
Inclination. L'opposition n'est toutefois ni sourde ni aveugle. Pas suffisamment perdue en tout cas pour ne pas saisir les verges qu'on lui tend. A la tribune de l'Assemblée, Laurent Fabius s'était laissé aller mardi à un demi-aveu: «Certains disent qu'il aurait fallu aller plus loin dans la réduction des déficits et la maîtrise des dépenses. Je dois dire que, fonctionnellement et peut-être à titre personnel, telle est plutôt mon inclination.» La droite en a pris bonne note. «J'ai noté un certain détachement dans votre discours, monsieur le ministre, et le regret que vous sembliez exprimer de ne pas aller plus loin dans la maîtrise de la dépense publique», a compati le député UDF Pierre Méhaignerie, avant d'attaquer: «Le gouvernement affirme que les dépenses de l'Etat ne s'accroissent que de 0,3 % soit 25 milliards; ce chiffre est erroné et rés