C'est un ancien ministre qui fait la comparaison: «Ecoutez le dernier discours de Jospin aux journées parlementaires du PS à Lyon, c'est le même discours que celui de Rocard à Joué-lès-Tours, en 1990!» Il y a dix ans, Michel Rocard avait stupéfié la gauche en plaçant les mouvements d'opinion au coeur de son programme politique: les partis politiques «ne sont ni légitimés ni fondés à vouloir autre chose que ce que veulent les Français». A Lyon, Lionel Jospin a, lui, assuré que son «devoir est de continuer à répondre aux attentes des Français». «Ce que veulent les Français», «attentes des Français»: l'idée est bien la même. Et si la comparaison est excessive, voire injuste, ce qu'elle traduit de l'inertie du gouvernement sur plusieurs dossiers cruciaux est un constat difficilement contestable.
Certes, le procès en immobilisme n'est pas nouveau, et le Premier ministre a souvent trouvé le moyen de le démentir. Son pari sur la Corse en est le dernier exemple. Mais depuis le retrait de la réforme de Bercy et l'enterrement de celle promise sur les retraites, le doute s'est instauré. Autrefois, Jospin se fixait des objectifs clairs: emploi, croissance. Aujourd'hui, il navigue à vue. Pour faire plaisir à Fabius, il baisse la tranche supérieure de l'impôt sur le revenu, sans parvenir à la justifier. Parce que les Français soutiennent les routiers en grève, il réduit la taxe sur l'essence. C'est sur ce dossier qu'il a plusieurs fois répété, à Lyon, le mot «attente», nouveau dans sa bouc