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TRIBUNE

Le linguiste : En changeant l'enseignement à l'école.

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Comment peut-on combler les lacunes des savoirs de base?
par Alain Bentolila, linguiste (Paris-V). Il supervise les tests de la JAPD (journée d'appel et de préparation à la défense).
publié le 21 octobre 2000 à 5h37
(mis à jour le 21 octobre 2000 à 5h37)

De colloque en débat, on n'avance guère sur la prise en compte des difficultés de lecture, d'écriture et de paroles des élèves. On refuse d'entendre les difficultés des enseignants, surtout on se garde d'expliquer aux jeunes pourquoi l'institution scolaire continue à affirmer qu'il leur faut maîtriser lecture, écriture et verbe. Nombre d'entre eux, pourtant, n'en comprennent pas la nécessité. Dans leur vie quotidienne, on peut très bien communiquer sans passer par l'écrit ni utiliser un discours argumenté. Des mutations sociales considérables ont amené dans les classes des élèves pour qui il n'y a aucun rapport entre les enseignements reçus et la vie. Du coup, ils avancent dans le couloir obscur d'un apprentissage privé de sens et la frustration vient nourrir la violence scolaire. L'acte éducatif ne joue plus son rôle de médiation. L'ampleur du problème est telle qu'elle dépasse l'horizon d'un ministre. Pour remédier à cela, il faudra beaucoup de temps. Ce qui est incompatible avec les promesses de rentabilité politique immédiate des solutions concoctées rue de Grenelle.

Sur le long terme, l'objectif doit être de donner à tous les élèves une capacité à analyser les discours et les textes, et à les réfuter. Pour une autonomie de pensée dans un monde qui demeure complexe et dangereux, prompt à la manipulation. Pour ce faire, il faut apprendre à lire juste, c'est-à-dire équilibrer les droits et devoirs du lecteur ­ jusqu'où puis-je interpréter un texte, quelles conséquences conc