Il est une heure du matin dans le port de Toulon. C'est l'hiver. Dans la rade des Vignettes, l'eau froide vient clapoter contre la coque noire de la Minerve, alors que le lieutenant de vaisseau Merlo débarque. L'officier quitte le bord du sous-marin, sa mission d'entraînement terminée. Il laisse derrière lui cinquante-deux hommes d'équipage qui ne dormiront guère cette nuit. Leur dernière nuit. En ce 28 janvier 1968, la Minerve repart immédiatement vers sa zone d'exercice, au large de Toulon. Quelques heures plus tard, le sous-marin va disparaître. On ne l'a jamais retrouvé.
Bien avant le naufrage du Koursk, la Marine française a, elle aussi, connu la tragédie qui guette toutes les «sous-marinades» du monde. Et pas plus que la Flotte russe, elle n'a pratiqué la transparence. Pourquoi ce sous-marin, à la pointe de la technique des années 60, a-t-il coulé ? Trente-deux ans après le drame, c'est toujours un secret défense. La Marine nationale n'a jamais rendu public le résultat de ses investigations. Les rapports de l'époque, qui dorment sur les rayonnages du service historique de la Marine, ne seront pas accessibles avant 2018, cinquante ans après les faits. Quant aux restes du submersible, jamais vraiment localisés, ils reposent toujours par 2 000 mètres de fond.
Grâce aux témoignages d'anciens sous-mariniers, nous pouvons aujourd'hui reconstituer les faits et conclure que l'accident a été provoqué par une erreur de conception du sous-marin. L'un de ces marins, René Autret, est