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Libération
Interview

«Associer les salariés à la croissance»

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publié le 8 novembre 2000 à 6h19

Dialogue de sourds. D'un côté, la majorité plurielle réclame un coup de barre à gauche de la politique économique et sociale avec, en ligne de mire, le relèvement du pouvoir d'achat des salariés les moins qualifiés et des exclus du marché du travail. De l'autre, le ministre de l'Economie, Laurent Fabius, appelle à faire preuve de «sérieux» au nom du nécessaire assainissement des finances publiques. Deux discours qui ne sont inconciliables qu'en apparence. Entretien avec Jean-Paul Fitoussi, président de l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE).

Le PC réclame une hausse des minima sociaux d'ici la fin de l'année et la gauche plurielle dans son ensemble une meilleure indexation du Smic sur la croissance. Qu'en pensez-vous?

On ne peut à la fois revendiquer une hausse du salaire minimum supérieure à la croissance de la productivité du travail (de l'ordre de 2% par an en terme réel) et chercher à remédier au problème de l'emploi des travailleurs non qualifiés. Les études économiques prouvent en effet que les entreprises sont d'autant plus sensibles au coût du travail qu'il est peu qualifié. Il faut un coup de pouce sur le Smic. Mais un coup de pouce trop important risque de se faire alors au détriment de l'emploi. Pour résoudre cette contradiction, mieux vaut utiliser l'arme fiscale, de façon à augmenter le revenu des salariés sans renchérir le coût du travail. C'est d'ailleurs le choix du gouvernement: la CSG sur les salaires inférieurs à 1,4 Smic correspond à un