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Libération

Le Sénat reconnaît le génocide arménien.

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Le gouvernement a minimisé la portée du vote pour ne pas fâcher la Turquie.
par Marcia LACOMBE
publié le 9 novembre 2000 à 6h19

Les sénateurs n'ont pas l'habitude d'être ovationnés. Hier matin à 5 h 30, à l'annonce dans l'hémicycle du palais du Luxembourg de l'adoption par 160 voix contre 40 d'une proposition de loi visant à reconnaître le génocide arménien perpétré par les Turcs en 1915, le public ­ principalement d'origine arménienne ­ s'est levé et a entonné la Marseillaise. Cette explosion de joie intervient dix-huit mois après le vote d'une autre proposition de loi à l'Assemblée nationale en mai 1998 énonçant que «la France reconnaît publiquement le génocide arménien». Soucieux de ménager la Turquie, le gouvernement et l'Elysée s'étaient opposés depuis le début à cette proposition de loi, refusant de la transmettre au Sénat pour des raisons économiques et politiques. Si le texte adopté hier est identique dans ses termes à celui voté au Palais-Bourbon, son origine est sénatoriale et il devra donc retourner à l'Assemblée pour avoir force de loi.

Réticences de l'Elysée. Les sénateurs Jean-Claude Gaudin (RI-DL, Bouches-du-Rhône), Jacques Pelletier (RDSE, Aisne), Bernard Piras (PS, Drôme), Robert Bret (PCF, Bouches-du-Rhône), Michel Mercier (UC, Rhône) et Jacques Oudin (RPR, Vendée) sont à l'origine de la proposition votée hier. Si l'ensemble de la gauche sénatoriale était acquise à la reconnaissance du génocide arménien, il n'en allait pas de même depuis des mois dans les rangs de la droite. Le 22 février dernier, la Conférence des présidents du Sénat avait refusé d'inscrire à son ordre du jour la p