Les religieux de Notre-Dame de Bétharram ont la pierre tombale sobre. Le strict alignement du cimetière de l’institution sera pourtant bouleversé ce 10 novembre. Il s’agit d’en exhumer le corps du dernier père supérieur pour un prélèvement d’ADN. Silviet Carricart, 57 ans, était soupçonné d’avoir abusé d’un jeune élève de 10 ans, en 1988. Peut-être lisait-il aussi des romans de John Le Carré plutôt que son bréviaire. Car le soupçon pèse désormais sur sa disparition, intervenue au début de l’année, à la veille de son audition par la justice. Officiellement, le père Silviet Carricart est mort, et son corps enterré près de Pau. Mais le juge Christian Mirande de Pau n’est plus sûr du tout que le cadavre, rapatrié du Vatican le 10 février, soit bien celui du religieux recherché.
Cette histoire macabre démarre après la seconde tentative de suicide d’un ancien élève bordelais de l’institution paloise. «Ils ne savent pas ce que c’est que d’avoir une salle de bains dans sa tête», balbutie-t-il en reprenant conscience. Il ne faudra pas bien longtemps à sa mère pour comprendre que c’est de la salle de bains du père Carricart. Celle, loin du dortoir, où le religieux l’amenait pour abuser de lui quand il avait 10 ans en 1988. Une plainte est déposée dix ans plus tard, en décembre 1997 auprès du juge de Pau. L’enquête conduit à l’incarcération du père Silviet Carricart, le 28 mai 1998. Les prières du supérieur de Bétharram aboutiront à sa mise en liberté conditionnelle le 9 juin sui