Sur l'«interministériel», le réseau téléphonique qui relie ministres et conseillers directement, le numéro de Dominique de Villepin, le secrétaire général de l'...lysée, est le 224. Celui d'Olivier Schrameck, le directeur de cabinet de Matignon, est le 402. Mardi, le 7 novembre, sur les coups de midi, le 224 a appelé le 402, pour prévenir de l'imminence d'une déclaration solennelle du chef de l'Etat sur la vache folle. Un moment, le 402 Olivier Schrameck, donc s'est demandé s'il avait bien entendu. La sécurité alimentaire ne fait pas partie du «domaine réservé» du chef de l'Etat et l'idée d'une déclaration solennelle pouvait paraître bien étrange. Mais une demi-heure plus tard, les télévisions diffusaient l'intervention présidentielle, transformant l'affaire de l'encéphalite spongiforme bovine en bataille au sommet de l'Etat.
«Irresponsable». Ce coup de téléphone constitue un tournant dans l'histoire des relations entre le président de la République et le Premier ministre ou, plus exactement, dans la perception que le second a du premier. Depuis mardi midi, Lionel Jospin ne décolère pas. Mardi dernier toujours, on pouvait le voir dans son bureau écrivant son intervention pour la séance des questions à l'Assemblée nationale et relisant, outré, le texte de l'intervention de Chirac. «Démagogue», «irresponsable», «indigne d'un homme d'Etat», «épouvantable», «capable de tous les coups», les mots utilisés en privé par le Premier ministre à propos de son rival depuis une semai