Laurent Fabius est mauvais perdant. Et si furieux qu'il devait ce matin abandonner à sa secrétaire d'Etat au Budget, Florence Parly, le soin d'exposer au Conseil des ministres les grandes lignes du collectif budgétaire de fin d'année. Manière de refuser la paternité d'un document qui foule au pieds le credo économique qu'il rabâche ces dernières semaines. Laurent Fabius l'a dit en place publique et inlassablement répété en petit comité: l'Etat doit réduire les déficits publics plutôt que d'augmenter ses dépenses, aider le développement des capacités de production des entreprises (politique de l'offre) plutôt que d'alimenter le pouvoir d'achat des ménages (politiques de la demande); il y va du dynamisme, de la pérennité, de la croissance et donc de l'emploi.
De ces grandes idées, le collectif d'automne ne retient rien. Ou si peu. Dans le document, le gouvernement fixe le curseur du déficit budgétaire 2000 à 209,5 milliards de francs, soit une baisse de seulement 6 milliards de francs par rapport aux prévisions inscrites dans le collectif de printemps, voté fin mai par l'Assemblée. L'effort de comblement du déficit public est si ténu qu'il relègue de facto la France parmi les cancres de l'Union européenne.
Convoitise. Le 13 juillet, le ministre de l'Economie avait tracé une tout autre perspective. Pour empêcher Jacques Chirac de rebondir sur une nouvelle «cagnotte», l'hôte de Bercy avait admis que les recettes fiscales engrangées par l'Etat excéderaient vraisemblablement d'une t