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Fabius et Emmanuelli, à contre-courants.

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Les deux hommes se sentent mal-aimés dans le parti.
publié le 23 novembre 2000 à 6h57

Ce sont deux grands sentimentaux. L'un dissimule ses états d'âme sous un masque impassible, l'autre ne maîtrise jamais bien longtemps ses nerfs à fleur de peau. Laurent Fabius et Henri Emmanuelli, deux convalescents «qui ont souffert», comme disent pudiquement leurs camarades, deux mal-aimés, ou qui se vivent comme tels. Le premier, pourtant blanchi par la justice, a traîné comme un boulet la tragédie du sang contaminé, le second, condamné dans l'affaire Urba en qualité de trésorier du PS, a eu le sentiment de payer pour les autres. Depuis le début de l'année, ils se soignent. La thérapie de Laurent Fabius a commencé, fin mars, avec son entrée au gouvernement. Un sentiment d'inutilité prolongée au perchoir de l'Assemblée nationale a failli le faire renoncer à la vie politique pour rejoindre la présidence du FMI en décembre dernier. Son arrivée à Bercy l'a requinqué.

De son côté, après avoir enduré deux ans d'inéligibilité, Henri Emmanuelli a tenu à récupérer un à un ses mandats et fonctions: député et conseiller général, patron du département des Landes et président de la commission des Finances de l'Assemblée. «Comme s'il voulait mettre entre parenthèses son absence», commente un dirigeant du PS. «Pour remonter dans un train qu'il aurait aimé ne pas avoir vu s'arrêter», ajoute un proche de Jospin.

«Père la rigueur». De retour aux affaires, Fabius a vite déçu ceux qui le croyaient changé. Même assurance hautaine, même incapacité à dialoguer, même «autisme», selon l'expression