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Libération
Interview

«On doit condamner le fait, non les gens».

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publié le 24 novembre 2000 à 6h59

Avec onze autres «grands témoins» de l'époque, Germaine Tillion a signé l'appel à Jacques Chirac et à Lionel Jospin pour condamner la torture pratiquée par la France durant la guerre d'Algérie. Cet appel a été publié le 31 octobre dans l'Humanité. A 93 ans, Germaine Tillion, ethnographe prestigieuse, souhaite que l'on condamne la torture, non les militaires qui l'ont pratiquée. Toute sa vie, elle a combattu pour la justice et la paix, résistante dès juin 1940, chef de réseau, déportée à Ravensbrück en 1942, elle a témoigné au procès de Nuremberg. Entretien.

Peut-on juger ce qui s'est passé il y a une quarantaine d'années ?

Je pense qu'il est nécessaire que tout le monde reconnaisse la torture en Algérie. Mais il ne faut pas oublier la situation dramatique de l'époque. Aujourd'hui, à l'aube du IIIe millénaire, on ne peut juger la situation des années de la guerre, des années 1956 à 1962, avec les yeux de l'an 2000.

Etes-vous pour un acte de repentance des autorités françaises ?

La repentance pour ce qu'a fait le gouvernement de Vichy à l'égard des juifs était nécessaire. Le gouvernement de Pétain était légitime. C'est la même chose vis-à-vis de l'Algérie. Que la France se sente responsable de ce dont elle est responsable. Et nous sommes malheureusement responsables de la torture. Mais le FLN a aussi tué des gens.

Que pensez-vous des «aveux» des deux principaux chefs militaires à Alger, Jacques Massu et Paul Aussaresses ?

On doit condamner la torture, mais on ne doit pas condamner l