Grenoble envoyé spécial,
Un petit souci de date peut parfois révéler un gros désir de bataille. Hier, l'intervention de Lionel Jospin devant les socialistes réunis en congrès à Grenoble aurait pu être une occasion supplémentaire d'expliquer, de se justifier. Il aurait pu se contenter de parler de la vache folle, du conflit sur l'essence ou des projets du gouvernement.
Glissements. Il a suffi d'un détail de calendrier électoral en 2002 pour que, rompant avec trois années et demie de discours pédagogique, le Premier ministre choisisse de passer à un registre tout autre, inédit et interdit jusqu'à présent: celui du discours de campagne. A cinq reprises, il a évoqué la date de «2002» et, de glissement en glissement, de façon chaque fois moins ambiguë, jusqu'à cette formule conclusive: «Nous avons reconquis la confiance des Français en 1997, nous devons prolonger cette dynamique pour gagner en 2002!»
Le 19 octobre dernier, sur TF1, Lionel Jospin avait jugé conforme à l'«esprit des institutions» qu'en 2002 le scrutin présidentiel ait lieu avant les élections législatives. Mais il avait ajouté qu'il ne prendrait pas d'initiative pour inverser le calendrier, car cela «serait interprété de façon étroitement politique, voire politicienne». Hier, changement de ton: non seulement ce débat est «légitime» et «tout sauf mineur», mais Jospin laisse entendre sa préférence pour une inversion: «Le déroulement des deux élections doit pouvoir se faire de façon ordonnée et digne.» Et il met en demeu