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Libération

Algérie: la grande muette sourde à la controverse.

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L'armée «intéressée», mais pas «impliquée» dans le débat.
publié le 28 novembre 2000 à 7h11

L'armée française a digéré la torture en Algérie et la controverse actuelle ne suscite pas d'émotion particulière dans les popotes. «C'est de l'histoire de France. Nous sommes intéressés, mais pas impliqués», constate un jeune colonel qui n'était pas né à l'époque de la «bataille d'Alger». Un autre officier fait remarquer que «les saint-cyriens d'aujourd'hui entraient en 6e au moment de la chute du Mur de Berlin! Pour eux, l'Algérie, c'est l'affaire de leurs grands-pères... que l'on juge en général moins sévèrement que les pères». Plus aucun officier en activité n'a servi durant la guerre d'Algérie et les généraux les plus anciens entraient à peine «dans la carrière» au moment des accords d'Evian de 1962.

Cadavre. Au sein de l'armée, la mémoire de l'Algérie reste douloureuse. Ce ne sont ni la torture ni les exécutions sommaires qui sont en cause. «Je récuse l'idée qu'il y aurait eu une chape de plomb sur cette question. Nous en débattions en permanence lorsque je suis entré à Saint-Cyr en 1962. Et la majorité d'entre nous était contre», s'insurge le général Jean-René Bachelet, responsable de la formation au sein de l'armée de terre.

En revanche, le putsch des généraux de 1961 reste «le» cadavre dans le placard. L'affaire n'est pas débattue et les publications officielles se contentent d'évoquer les «événements douloureux»... En 1998, l'armée de l'air ­ jugée pourtant plus ouverte ­ a ainsi renoncé à publier un numéro spécial de son magazine interne consacré à la guerre d'Algér