Comment une loi destinée à renforcer l'égalité professionnelle entre les hommes et les femmes s'est-elle transformée en pomme de discorde pour la gauche plurielle? Les députés socialistes, qui avaient demandé à Catherine Génisson, auteur l'an dernier d'un rapport sur la question, de proposer des mesures législatives favorisant la parité hommes-femmes dans le monde du travail, ont été piégés par Chirac et le quinquennat.
Leur proposition de loi, qui a été débattue à l'Assemblée la nuit dernière, était à l'origine plutôt consensuelle. A la fois féministe et sociale, introduisant des mesures pragmatiques et de bon sens, cherchant à renforcer progressivement la place des femmes dans le monde du travail et les instances professionnelles. Par exemple, en revalorisant le rôle des conjoints d'artisans. Et voilà que le gouvernement dépose, début octobre, au Sénat, un amendement visant à lever l'interdiction du travail de nuit des femmes dans l'industrie pour se conformer au droit européen (lire ci-dessous). Cette disposition devait être votée au printemps 2000 dans le cadre du projet de loi de modernisation sociale préparé par Martine Aubry. Le quinquennat et le référendum ont bousculé le calendrier parlementaire, et la loi de modernisation sociale a été repoussée à janvier ou février 2001.
En parant au plus pressé, le gouvernement a fait de la proposition socialiste un sujet de division à la fois politique et syndicale. Les modernistes, avec la CFDT et les cadres de la CGC, soutiennen