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Libération

Guerre d'Algérie : aveu d'un tortionnaire.

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Déjà publié en 1980, le témoignage d'un ancien sous-officier est réédité.
publié le 2 décembre 2000 à 7h25

L'armée française a torturé durant la guerre d'Algérie, nul n'en doute. Voici un témoignage connu depuis vingt ans et qui sera de nouveau disponible en librairie, lundi (1): «L'homme attaché, nous fixons un fil électrique au lobe de l'oreille gauche, le deuxième étant placé sur le gland de la verge. A la première secousse, le suspect hurle longuement. Son corps se cabre. Il pleure. "Tu vois bien qu'il faut parler."» Ce récit est celui d'un ancien des DOP ­ les «détachements opérationnels de protection» ­, ces unités chargées d'interroger les prisonniers et, à ce titre, de les torturer.

Indifférence. Cet ex-sous-officier a souhaité rester anonyme, et c'est à cette seule condition que son témoignage a pu être recueilli et publié par le journaliste Jean-Pierre Vittori. Le livre On a torturé en Algérie, qui s'appelait alors Confessions d'un professionnel de la torture, a paru en 1980 dans une indifférence quasi totale. Il a parfois suscité l'incompréhension; des lecteurs trop rapides croyant qu'il s'agissait du témoignage personnel de Jean-Pierre Vittori, alors journaliste communiste et rédacteur en chef de Patriote-résistant, le mensuel des anciens déportés...

En 1977, Jean-Pierre Vittori avait publié un premier ouvrage sur le sujet: Nous, les appelés d'Algérie (Stock). «J'ai alors reçu la lettre d'un type du sud de la France, qui me disait qu'il avait passé cinq ans dans les DOP, explique-t-il. J'étais partagé entre le rejet de celui que je considérais comme un salaud et l'envie