Mi-novembre, Michel Rocard s'est prononcé, en compagnie de Raymond Barre, pour l'inversion du calendrier électoral de 2002.
En cherchant l'appui de l'UDF pour modifier le calendrier, Lionel Jospin est-il en train de revenir à une stratégie d'alliance avec les centristes, comme vous l'aviez fait étant Premier ministre?
J'espère bien que non. C'est polluer le débat que de transformer cette affaire en une question de stratégie politique. Il y a une campagne visant à faire croire que ce choix engage notre Constitution sur une voie à long terme: une voie plutôt parlementaire avec un calendrier inchangé; plutôt présidentielle si on l'inversait. Cela ne correspond à aucune réalité. Le choix qui se présente est entre la bonne marche de nos institutions telles qu'elles sont, avec leurs imperfections et la pure et simple pagaille.
Pourquoi êtes-vous convaincu que l'actuel calendrier est facteur de «pagaille»?
Imaginons que soit maintenu l'agenda. Au soir des législatives, il est possible que le chef du camp battu se retire de la compétition présidentielle. Son camp disposera de deux semaines au mieux pour choisir un nouveau candidat. Les nouveaux députés, qui ne se seront pas encore réunis, n'auront que peu de jours pour lui apporter leur parrainage et, vraisemblablement, quelques dizaines d'élus seront soumis aux vérifications de leurs comptes de campagne et donc de la validation de leurs parrainages. Mieux vaut-il alors demander aux députés sortants de fournir leur parrainage? Mais ceux-là n'auront plus de légitimité politique. Deuxième remarque: après l'élection législative, le président Chirac nommera un nouveau Premier ministre, pour une durée de deux mois et demi, ce qui veut dire qu'il n'aura le temps de rien faire. Tout cela signifie une paralys