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Libération

Torture en Algérie: 1 211 pages d'histoire

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La première thèse universitaire sur le sujet a été soutenue hier. Eloges du jury.
publié le 6 décembre 2000 à 7h34

Pur hasard de calendrier. En pleine controverse sur la torture en Algérie, une jeune universitaire, Raphaëlle Branche, a soutenu hier, à Paris une thèse sur ce sujet. Il s'agit du premier véritable travail scientifique de grande ampleur sur «l'armée et la torture en Algérie», qui devrait être rapidement publié aux éditions Gallimard. Au terme de quatre années de recherches, cette thèse a été couverte d'éloges par le jury, au premier rang duquel figurait l'historien Pierre Vidal-Naquet.

Emotion. Dans une petite salle de Sciences-Po envahie par le public où les étudiants côtoyaient de grandes figures, tels l'historien Raoul Girardet ou le père Alain Maillard de la Morandais, la jeune femme est assise en face de celui qui dénonça «la torture dans la République». Troublant face-à-face, lorsque Raphaëlle Branche raconta comment, en classe de première, la lecture du livre de Pierre Vidal-Naquet, comme le spectacle de Muriel, un film d'Alain Resnais sur le traumatisme de la torture, l'engagea dans une voie qui la conduit hier, à recevoir l'hommage de ses maîtres. Emu, Pierre Vidal-Naquet jugea même que la soutenance de cette thèse consacrée à la «face cachée de la République» était «un des grands moments de sa vie».

«Lorsque vous êtes venue me voir à l'automne 1996, ce sujet n'était vraiment pas sous les feux de la rampe», rappela son directeur de thèse, l'historien Jean-François Sirinelli. Les choses ont changé et l'université dut pourtant s'en tenir à juger, selon ses canons, un tr