Menu
Libération

«Charles-de-Gaulle»: l'hélice tourne au vinaigre.

Article réservé aux abonnés
Ses plans, stockés à la fonderie, auraient été détruits.
publié le 7 décembre 2000 à 7h38

«Scandaleux!» L'amiral Jean-Luc Delaunay, chef d'état-major de la Marine nationale, n'a pas de mots assez durs pour qualifier le dernier épisode des malheurs du porte-avions Charles-de-Gaulle: la fracture de son hélice en mer des Caraïbes puis l'incendie volontaire des bureaux de l'usine où elle a été fabriquée (lire Libération des 2 et 3 décembre).

A bord du bateau, rentré penaud à Toulon le 22 novembre, «le moral est dans les godasses», constate un officier. «On a vraiment reçu un coup sur le crâne», reconnaît son «pacha» Edouard Guillaud. Un premier maître avoue même craindre de rentrer dans son village, de peur des moqueries de ses copains de bistrot. Après une longue série de déboires, l'affaire de l'hélice a fait déborder la coupe et les marins hésitent entre l'abattement et la rage.

Le 22 décembre 1997, une petite cérémonie avait lieu sous la grande verrière métallique des ateliers de la Fonderie de l'Atlantique, à Nantes. La première hélice du Charles-de-Gaulle était officiellement livrée: c'est un monstre de 19 tonnes et 6 mètres de diamètre, doté de quatre pales et fondu dans un alliage de cuivre et d'aluminium. Elle coûte environ deux millions de francs et il en faut deux pour faire avancer le bateau. En comptant les rechanges, la Fonderie de l'Atlantique en fabriquera quatre, pour huit millions de francs.

Deux d'entre elles, celles de bâbord, sont bonnes pour la poubelle. Les ingénieurs militaires s'en doutaient depuis longtemps. Début 1998, les spécialistes du Serv