Dans De la guerre, Clausewitz explique que l'attaque-surprise nécessite «secret», «rapidité», «une grande énergie dans le commandement en chef» ainsi qu'«un sens profond du devoir militaire de la part de l'armée». Lionel Jospin n'est pas connu pour être féru d'art militaire. Pourtant, avec son opération «Tempête sur le calendrier», annoncée abruptement, il y a trois semaines à Grenoble depuis la tribune du congrès du PS, le Premier ministre a appliqué à la lettre les préceptes du stratège prussien: il a dissimulé ses intentions pendant des mois, a décidé seul et, en une poignée de jours, a fait exécuter le mouvement par ses lieutenants, aussi dévoués que tenus dans l'ignorance jusqu'au dernier moment. Comme si, à dix-huit mois de l'élection présidentielle et alors que la fiction d'une cohabitation tranquille a volé en éclats, un nouveau visage de l'homme s'était révélé celui d'un général à la manoeuvre.
C'est que, contrairement aux apparences, Lionel Jospin n'a en rien improvisé son assaut. «Il n'a pas changé d'avis», plaide sa garde rapprochée. Ses convictions il faut changer l'absurde calendrier électoral de 2002 remontent au printemps. Sa stratégie aussi: rester à l'affût et attendre le meilleur instant pour agir. Quitte à brider les impatients. En juin, après le débat sur le quinquennat, le sénateur PS Robert Badinter, ancien président du Conseil constitutionnel et farouche militant de l'inversion, fait part à Olivier Schrameck, le directeur de cabinet du Premier m