Bien sûr, ils avaient tenté de rassembler leurs troupes autour d'une idée simple : le fascisme n'a pas disparu avec le FN, il s'est simplement dilué. Mais les leaders de Ras l'front ne se faisaient pas beaucoup d'illusions au lendemain de la scission du Front national en janvier 1998. Ils savaient déjà que leur mouvement souffrirait de la débâcle de leur adversaire et que leurs militants risquaient de leur fausser compagnie. «La vigilance est d'autant plus nécessaire que le nombre de vigiles diminue, déclarait Rémi Barroux, porte-parole de Ras l'front en juillet 1999. Nous devons rester les gardiens de phare pour éclairer ceux qui ont l'impression que le combat est derrière eux.» Alors, avec d'autres, il est resté debout dans la tempête.
Mais, comme il le pronostiquait, les troupes ont quitté le navire. Les 150 comités locaux qui constituaient Ras l'front se sont officiellement réduits d'un quart, mais combien n'existent plus qu'administrativement ? Impossible de savoir aujourd'hui combien il reste de militants en France, car le mouvement a toujours prôné l'indépendance de ses groupes. Restent les forces du départ, le noyau qui a créé Ras l'front. «Ce sont des gens qui avaient déjà prêché dans le désert, en 1990, quand le Front n'apparaissait pas, souligne Rémi Barroux. Aujourd'hui, ils se retrouvent dans la même situation, face à des personnes sceptiques quant au danger que représente toujours l'extrême droite.»
Sursauts. Les réunions se tiennent moins souvent, les présents s