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Libération
Enquête

Porte-avions et bouts de ficelle.

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GRAND ANGLE. Retour sur la dernière avanie du «Charles-de-Gaulle»: l'hélice cassée. Les ennuis à répétition du fleuron de la marine française doivent beaucoup au choix d'une propulsion nucléaire. Explications.
publié le 5 janvier 2001 à 21h23

La marine ne sera jamais gaulliste. Le 9 novembre 2000, jour du trentième anniversaire de la mort du fondateur de la France libre, le porte-avions Charles-de-Gaulle cassait son hélice bâbord à 80 kilomètres au nord-ouest de la Guadeloupe. Piteusement, le bâtiment dut regagner Toulon, le port qui vit la flotte se saborder en 1942. Très au fait du passé vichyste de la marine, un officier soupire: «On aurait peut-être eu moins de problèmes si on l'avait baptisé "l'amiral Darlan"!»

Depuis sa première sortie en mer, le 25 janvier 1999, d'abord repoussée pour cause de vagues trop creusées, le Charles-de-Gaulle n'a guère quitté les feux de la rampe. On attendait Top Gun, on eut plutôt la Grande Vadrouille avec la célèbre réplique de Louis de Funès à Bourvil: «Y a pas d'hélice, hélas... C'est là qu'est l'os.» Piste trop courte, vitres opaques, protection nucléaire insuffisante, safrans qui branlent et, pour finir: l'hélice qui casse. La courte vie du porte-avions ressemblerait à un gag s'il n'y avait la facture de 20 milliards de francs pour les contribuables français. Les marins rasent les murs. «Vous verrez, on oubliera ces ennuis de jeunesse. Qui se souvient des difficultés de mise au point du Clemenceau au début des années 60?» se rassure un capitaine de frégate.Techniquement, un porte-avions nucléaire n'est pas une mince affaire (1). Un officier résume le défi: «Imaginez un bateau de 261 mètres de long, mettez-y 2 000 personnes pour plusieurs mois. Ajoutez une armurerie avec des