Hier en Meurthe-et-Moselle pour une journée «forêt». Vendredi à Modane, dans les Alpes, pour parler ferroutage. Lundi à Tours à propos de la formation professionnelle... Les débuts d'années sont le temps des bonnes résolutions et, sur ses tablettes, Lionel Jospin a écrit: cette année, aller sur le terrain.
Par tempérament, par désir de piloter personnellement tous les grands dossiers, par souci de rendre des arbitrages en toute connaissance de cause, le Premier minis tre n'a pas été, depuis 1997, un homme de terrain. Enfermé dans son bureau, il «bouffe de la note toute la journée», selon sa propre expression. Dès 1999, l'amicale jospinienne s'en inquiétait: il fallait sortir Lionel, lui faire prendre l'air. «Les Français ne le voient qu'à l'Assemblée, en train de répondre à toutes sortes de questions. Ce n'est plus un Premier ministre, c'est la déesse aux cent bouches», déplorait un fidèle cet automne. Même les députés ont tiré la sonnette l'alarme à Matignon, sur le thème: «Il doit sortir, venir en province.»
«Paillettes». De fait, pendant trois ans, Jospin s'est consacré à ses réunions de ministres (occasion de montrer qu'il travaille), aux séances de questions à l'Assemblée nationale (occasion de distribuer les claques à la droite), aux colloques (occasion de mettre en perspective et de théoriser son action gouvernementale), aux voyages à l'étranger (occasion de se donner une stature de responsables internationales). Et, à l'exception de Cintegabelle, son fief des Haute-Gar