Même le RPR en veut une. Cela fait des années que les partis français lorgnent les fondations politiques qui, un peu partout en Europe, nourrissent le débat public. Les fondations allemandes, par exemple, disposent de budgets qui se comptent en dizaines de millions de deutschemarks. L'exemple britannique est également souvent cité. Tony Blair a confié à ses think tanks, ainsi qu'à une vingtaine de députés travaillistes, la mission de sillonner les jeunes démocraties de l'Europe de l'Est pour vendre sa «troisième voie».
La France a pris un retard considérable dans cette bataille. En 1992, deux fondations jumelles ont vu simultanément le jour: la fondation Jean-Jaurès pour le PS et la fondation Robert-Schuman pour l'UDF. Avec, pour objet principal, l'aide internationale. Soutenues par le gouvernement Bérégovoy, elles se sont vu couper les vivres par Edouard Balladur. Si Alain Juppé a confié en 1996 une mission parlementaire sur les fondations politiques au sénateur (RPR) Jacques Oudin, c'est Lionel Jospin qui leur a redonné les moyens de vivre. Dès le budget 1998, sous l'impulsion de Christian Sautter, alors secrétaire d'Etat au Budget, et d'Henry Pradeaux, le chef de cabinet du Premier ministre, le gouvernement a fait voter un crédit de 40 millions de francs, renouvelé chaque année. Depuis, Jean-Jaurès et Robert-Schuman touchent une aide de 10 millions de francs par an.
Mais ce coup d'accélérateur budgétaire pourrait ne pas suffire à ancrer les fondations dans le paysage politi