Si un mot devait expliquer Roland Dumas, ce serait sans doute «séduction». Homme affable et à femmes. Esthète et belle tête. Ne se demande-t-il pas, alors que s'ouvre son procès, s'il n'a pas été «trop brillant, trop clinquant», comme il le confie au Journal du dimanche d'hier? Les qualificatifs ne manquent pas: avocat des belles causes et spécialiste ès sinuosités, flamboyant et discret, argenté après avoir été un jeune résistant famélique.
Frères de ruse. L'histoire de Roland Dumas commence peut-être au printemps de 1944, lorsqu'à 21 ans il doit reconnaître le corps de son père, Georges Dumas, assassiné par la Gestapo. Il décide alors de quitter son Limousin natal, l'un des maquis les plus soumis à la répression nazie. A Paris, il prend des allures de Rastignac. Son charme opère. Son ambition le sert. Les salons s'ouvrent. Les boudoirs aussi. Il s'offre deux «carrières»: avocat et journaliste. Il épouse de grands dossiers: défenseur des intellectuels français des réseaux Janson, les «porteurs de valises» du FLN algérien, avocat du Canard enchaîné, de la partie civile dans l'affaire Ben Barka... Il n'oublie pas l'intendance, qui le fera croiser les peintres Picasso et Chagall, le sculpteur Giacometti, le psychanalyste Lacan, le colonel Khadafi... qui lui assureront le pain quotidien.
Mais c'est la politique qui le portera au sommet. Nous sommes dans les années cinquante. Une rencontre va faire basculer sa vie. Le compagnonnage avec François Mitterrand commenc