S'afficher sur une liste de gauche dans une banlieue ultra-chic ne va pas de soi. Le socialiste Michel-Bertrand Lafourcade se souvient de sa dernière campagne municipale au Vésinet (Yvelines). «J'ai eu l'impression de faire mon coming out (1)», raconte-t-il. Des voisins du candidat se sont étonnés: «On a vu votre nom sur le tract!», avant de demander des explications. Parfois de façon maladroite. «Quelques imbéciles se sont découverts», raconte cet architecte de 51 ans. Des liens se sont créés, aussi. D'autres sont allés le trouver discrètement, pour lui raconter qu'eux aussi étaient de ce «bord-là». Car, au Vésinet, proclamer publiquement son appartenance à la gauche est perçu au choix comme une curiosité, une coquetterie, voire une anomalie absolue. Notamment parmi les vieilles familles, très conservatrices. «Les nouvelles générations sont plus ouvertes», tempère André Michel, directeur de management, socialiste et tête de liste de la gauche plurielle.
«Lois de la sélection». Dans cette commune qui comptait 15 921 habitants en 1999, où pullulent étendues vertes, étangs et rivières, ruelles bordées de demeures magnifiques, l'acquisition de la «citoyenneté visigondine» ne relève pas du parcours résidentiel ordinaire. Le «ticket d'entrée» passe généralement par l'achat d'une maison à plusieurs millions de francs. Le logement collectif et le parc locatif sont rares. «Les gens ont intégré les lois de la sélection. Lorsqu'ils viennent habiter au Vésinet, ils sont convaincus d'êtr