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Libération
TRIBUNE

Régis Debray, admirable en Bolivie

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COURRIER Soupçonner le Français d'avoir «donné» le Che est absurde et ignoble..
par François MASPERO
publié le 3 février 2001 à 22h34

L'«enquête» de la télévision suédoise dont il a été rendu compte sous le titre «Régis Debray a-t-il donné le Che?» (Libération du 23 janvier) est mensongère et ignominieuse. Je le dis, parce que je reste l'un des témoins de première main dans cette affaire.

Lors de l'arrestation de Régis Debray, j'ai séjourné à deux reprises en Bolivie, en juin et juillet 1967. Régis Debray étant porteur d'une lettre de moi qui le mandatait, au nom de ma maison d'édition, pour enquêter dans la région, il était logique que je m'enquière de son sort. Arrêté, j'ai eu à connaître, au cours des longs interrogatoires auxquels j'ai été soumis ­ menés en présence d'un «conseiller» américain de la CIA, le Dr Gonzalez ­, les éléments dont disposaient les services boliviens concernant la guérilla de Che Guevara.

La question même de savoir qui a «donné» le Che est un non-sens. Elisabeth Burgos, dans la lettre publiée par Libération (édition du 25 janvier), le dit bien: les services américains et boliviens étaient au courant de la présence du Che en Bolivie six mois avant l'arrestation de Régis Debray. Restait pour eux à trouver en quel point exact du territoire. Ils l'ont su, entre autres, par les dénonciations de déserteurs. De ce non-sens, il résulte que les insinuations quant au rôle de Régis Debray inversent complètement la chronologie des faits. Non seulement il ne pouvait pas «donner» ce que ces services savaient déjà parfaitement, mais il a été arrêté parce qu'ils le savaient. Parce que, dûment inf