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Libération

A Decazeville, les citoyens mènent le jeu.

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Sur fond de désindustrialisation, les politiques restent à la traîne.
publié le 5 février 2001 à 22h35

Decazeville envoyé spécial

Dans son bureau qui domine la friche industrielle, Pierre Gadéa, 68 ans, maire PS sortant, est obligé de le reconnaître: «Heureusement qu'il y avait le collectif qui a su mobiliser la population...» En bon professionnel, il sourit. Mais est-ce vraiment amusant de constater son impuissance? «Les gens croient davantage dans les syndicats que dans les politiques comme force motrice. On le voit avec Bové.» Le 11 mars, Pierre Gadéa se représente, avec de bonnes chances d'être réélu. Mais, quel que soit le nom qui sortira des urnes, on connaît déjà le véritable vainqueur du scrutin: c'est le collectif «Tous ensemble». Objet hybride né de la lutte pour la sauvegarde des services publics dans le bassin de Decazeville, c'est à partir de ses propositions que les candidats se situent, qu'ils font campagne.

Cité minière nichée dans un repli de l'Aveyron, Decazeville, 7 000 habitants, n'a jamais eu beaucoup de chance avec les politiques. Ramadier, maire dans les années 50, ne faisait pas grand-chose pour la ville. De Gaulle, après avoir décidé la fermeture de la mine de fond, y fut accueilli par des rues désertes et y aurait jeté ce sort: «Decazeville finira en désert..» En 1981, Pierre Mauroy annonce le sauvetage du charbon, puis décrète, en 1984, la mort de la mine découverte. Cela n'a pas empêché la cité de voter Mitterrand, en 1988, à plus de 70 %.. Mais, quand le gouvernement Jospin, pour lequel les habitants avaient majoritairement voté, a voulu fermer «leu