Rouen envoyé spécial
L'occasion est trop belle pour ne pas remettre sa campagne sur les rails. En fin de semaine, le maire socialiste de Rouen, Yvon Robert, va inaugurer un prototype de bus à guidage optique ultramoderne, sur pneus et sans caténaires, première unité d'une flotte d'une soixantaine de véhicules qui, d'ici à cinq ans, traversera la ville d'est en ouest.
Conflit «étonnant». Une aubaine, le lancement de cette ligne baptisée Teor, 26 km à terme. A un mois du scrutin municipal, le maire va pouvoir afficher sa priorité des priorités pour l'avenir: les transports en commun. En lançant Teor après avoir porté pendant son premier mandat le métro-tram, le candidat à sa propre succession espère surtout fermer la parenthèse ouverte fin décembre par la grève des traminots de la compagnie des transports rouennais, la TCAR. Un conflit d'un mois, «étonnant», dixit le maire, qui «a pris des proportions disproportionnées». Et pollué sa campagne.
Au départ, une grève classique pour les salaires. A l'arrivée, un conflit dont la charge symbolique aurait pu faire dérailler la mécanique bien huilée d'Yvon Robert. Il y a d'abord l'acuité des problèmes de transports dans une «ville carrefour», selon l'expression de son ancien maire l'UDF Jean Lecanuet, premier magistrat de 1968 à sa mort, en 1993. Chaque jour, plus d'un millier de camions traversent le coeur de la ville. Une plaie héritée d'une situation unique en France pour une agglomération de 400 000 habitants: l'absence de rocade de