Bordeaux correspondance
La première réunion de la liste «Couleurs bordelaises» s'est tenue dans la grande salle du cinéma Utopia. Ce n'est pas un hasard. Depuis son ouverture, à l'automne 1999, l'ancienne église Saint-Siméon réaménagée en complexe cinématographique néogothique est devenue le grand rendez-vous des «alternatifs» bordelais, qu'ils militent contre la double peine, le tout-nucléaire, la globalisation, pour le vote des immigrés, l'intégration des gitans ou la libération du Tibet. On y signe des pétitions, on y tient des permanences d'association. Désormais, on y trouve aussi le siège d'une liste «interculturelle», dernière-née du paysage politique bordelais.
Pour la direction de l'Utopia, inséparable trio formé par Anne-Marie Faucon, Michel Malacarnet et Patrick Troudet, l'engagement militant ne s'arrête pas à la programmation des films. C'est un état d'esprit, un mode de vie. Si la gazette mensuelle du cinéma fournit les horaires des séances, elle offre aussi un espace d'expression aux associations militantes. «C'est sûr que c'est pas l'UGC qui ferait la même chose», plaisante Patrick Troudet, chargé de la programmation des films.
Au fil des mois, l'ancienne nef réaménagée en hall d'entrée est devenue un lieu de rencontre. «Pendant longtemps, chacun se battait dans son coin. L'Utopia a été un catalyseur d'énergie parce que c'est un lieu ouvert», explique Karfa Diallo. A 29 ans, ce «Bordelais berbéro-sénégalais» qui conduit Couleurs bordelaises est, comme la plupart