Qu'on ne s'y trompe pas: la modération des propos tenus par Ernest-Antoine Seillière ne signifie pas que la négociation sur les retraites complémentaires va se conclure vendredi par un accord. Les Français risquent de découvrir samedi que 14 millions d'entre eux (tous les salariés à l'exception des fonctionnaires et des bénéficiaires des régimes spéciaux) viennent de perdre la possibilité sinon le droit de liquider leur pension à 60 ans. Et ce dès le 31 mars, jusqu'à ce que l'Etat puisse légiférer, soit au mieux à la mi-avril.
Ferment de division. Dans ce genre de négociation, tout est codé. Or si l'on confronte ce que disait dimanche le patron du Medef avec l'analyse qu'en fait Bernard Thibaut, il n'y a guère d'illusions à avoir sur le résultat. Le secrétaire général de la CGT y voit une tentative pour amadouer la CFDT, alors que celle-ci a toutes les raisons de ne pas rompre le front syndical.
La première est stratégique. La centrale de Nicole Notat considère que seule la CGT est un partenaire sérieux. Les militants préfèrent l'unité d'action, par exemple sur les 35 heu res, à la brouille avec la CGT, par exemple sur l'Unedic.
La seconde est d'ordre interne. Autant la récente sécession de son syndicat de l'ANPE ne perturbe pas la CFDT ces opposants avaient une pratique contradictoire avec la ligne confédérale , autant les remous au sein de sa fédération chimie-énergie et les inquiétudes de ses syndicats de fonctionnaires l'obligent à la prudence. Et les retraites sont