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Libération
TRIBUNE

Laissons-le ruminer sa haine.

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Faut-il libérer Maurice Papon? Non, il est aussi monstrueux que les nazis qui ont tué mon père.
par Maurice RAJSFUS, écrivain
publié le 6 février 2001 à 22h37

Un vieillard assassin reste un assassin ! L'ancien secrétaire général de la préfecture de Gironde qui, en 1942 et en 1943, faisait déporter des vieillards grabataires était loin d'éprouver la moindre compassion envers ses victimes juives, parfois arrachées à un lit d'hôpital. Le préfet de police de Paris qui, le 17 octobre 1961, donnait le feu vert aux policiers pour procéder au massacre de plusieurs centaines d'Algériens n'était nullement ému en cette circonstance. Ce grand serviteur de l'Etat n'aimait pas plus les Algériens qu'il n'appréciait les juifs ! Papon, trop tardivement jugé, purge dix années de prison. C'est le temps nécessaire pour que ce personnage arrogant puisse méditer sur son passé. Et voici que de grands esprits prennent la parole pour s'inquiéter du sort de celui qui, la Libération venue, a eu la chance de ne pas connaître la justice expéditive... Vous n'avez pas honte, monsieur le sénateur Badinter ? Comment peut-on déraper à ce point pour estimer qu'un criminel contre l'humanité puisse avoir droit à la clémence de ses semblables, au bénéfice de l'âge ? Pas vous, et pas ça ! Pour ma part, Papon, Bousquet et tant d'autres sont tout aussi abominables que les nazis qui ont assassiné votre père et le mien.

A-t-on laissé à nos parents le temps de vieillir ? Héritier d'une tradition républicaine et radicale, Papon a pourtant choisi délibérément son camp : celui de cette répression raciale où le sentiment d'humanité n'existe pas. Il n'y a rien d'autre à faire ave