Mardi soir, 21 heures. Sur la place du théâtre de Cormeilles (Eure), une centaine de personnes font la queue dans le froid. Réunies par une inquiétude : toutes sont parents d'enfants qui ont été scolarisés dans la classe de CP de Marcel L., l'instituteur mis en examen vendredi dernier pour «viol et agressions sexuelles sur mineur de moins de 15 ans». Les visages sont fermés, stressés, les discussions étouffées. A l'entrée du théâtre, un gendarme coche un par un les noms des parents sur une liste. Il écarte les journalistes, ainsi qu'un petit groupe d'enseignants du collège venus là parce qu'ils se «sentaient concernés». Seuls les parents sont admis à cette «réunion d'information» organisée par le procureur de la République de Bernay, Philippe Stelmach.
13 plaintes. Une procédure inédite liée à l'ampleur de l'instruction. Les enquêteurs ont en effet décidé d'entendre pendant deux mois près de 270 élèves, soit la totalité des classes de l'instituteur depuis 1989. Lors de la première journée d'audition lundi, huit élèves de l'année scolaire 2000-2001 ont été entendus. Sur ces huit dépositions, quatre ont abouti à la constitution d'une plainte pour agression sexuelle. Si l'on ajoute à cela une nouvelle plainte spontanée déposée lundi pour des faits remontant à 1989-1990, cela porte le nombre total des plaintes à 13 : 12 plaintes pour agressions sexuelles, et 1 pour viol, celle d'E., 17 ans (lire son témoignage ci-dessous).
La plupart des faits reprochés à l'instit