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Libération

«Détective», crime et bon sentiment

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Le magazine, créé en 1928, se veut le défenseur de la veuve et de l'orphelin.
publié le 17 février 2001 à 22h59

Catherine Nemo, 53 ans, cheveux courts et débit rapide, ressemble à la prof de philo qu'elle a été dans une première vie. Elle dirige le Nouveau Détective depuis 1995, et affiche sans complexe sa passion pour le fait divers. Mais déteste qu'on lui dise qu'elle est la patronne d'un hebdomadaire «à sensation». Catégorie dans laquelle il est pourtant classé par Diffusion Contrôle, l'organisme qui mesure les ventes des journaux, avec Ici Paris et France Dimanche. Ce rapprochement agace la pédégère: «Je n'ai rien contre ces journaux, dit-elle. Simplement, on ne fait pas le même métier. Eux font du people. Nous, on est un magazine d'enquêtes.»

Plumes célèbres. Un magazine qui a du pedigree. Il naît en 1928 sur une idée de Joseph Kessel. Lequel, avec son frère Georges, parvient à convaincre Gaston Gallimard de financer le projet d'un journal qui montrerait «l'envers du décor social». Le crime, le viol, le rapt, la prostitution sont la matière première des reporters de Détective. Et de ses plumes, parfois célèbres: Pierre Mac Orlan, Georges Simenon, Paul Morand ou Jean Cocteau. Succès immédiat. Le magazine se pose en défenseur de la veuve et de l'orphelin. On y défend les «petits» contre les «importants», les victimes contre les bourreaux. La rédaction fait campagne contre la guillotine, contre le bagne. Un beau jour, un homme se présente dans les bureaux, au 35 de la rue Madame. Il se nomme Paul Gruault, et vient tout juste d'être libéré de Cayenne. «Vous prétendez