Nancy envoyée spéciale
Devant le marchand de légumes, la dame attrape le tract qui lui est tendu, comprend qu'il y est question des prochaines municipales, livre son avis sans se faire prier: «Alors, je vais vous dire: Rossinot, il faut le virer. Il y a dix-huit ans qu'il est là, on n'en peut plus.» Jean-Yves Le Déaut, adversaire socialiste d'André Rossinot (UDF) à la mairie de Nancy, retient un sourire. La dame se ravise: «Mais vous, vous êtes quoi, au fait?» Le Déaut: «Moi, je suis socialiste.» Son interlocutrice fait une mimique. Désapprobation manifeste: «Vous êtes un Jospin?» Le candidat, qui ne peut décemment pas nier, acquiesce: «Oui, le candidat de toute la gauche plurielle: le PS, les Verts, le PC, le MDC...» La cliente (moins joviale): «Bon, on verra... Mais de toute façon, l'autre, il faut qu'il s'en aille.»
La scène résume un peu la campagne électorale dans la métropole lorraine. Nancy n'a peut-être pas une furieuse envie de s'offrir un édile socialiste, mais elle semble avoir une solide tentation de se débarrasser d'André Rossinot, 61 ans, ancien ministre, ancien président du Parti radical, ancien député (battu en 1997 par un socialiste inconnu, Jean-Jacques Denis), et maire depuis 1983. Selon un sondage (1), le candidat de la gauche plurielle l'emporterait d'une courte tête (51 %) sur celui de la droite (49 %) en cas de traditionnel duel droite-gauche au second tour, et plus confortablement encore en cas de triangulaire. Dans cette dernière configuration, Jean-Yv