Le coup a été minutieusement préparé. Un coup de Trafalgar. Une semaine après avoir refusé l'inscription du projet de loi sur le futur statut de la Corse à l'ordre du jour du conseil des ministres pour l'accepter sept jours plus tard, Jacques Chirac a exhorté, hier soir, le Parlement à amender ce texte pour le rendre conforme à la Constitution. Quelques caméras ont été convoquées à l'Elysée. Juste pour permettre au chef de l'Etat de «prendre les Français à témoin». Et contrecarrer Lionel Jospin. «En campagne électorale, le Premier ministre peut s'exprimer chaque jour. Nous devions parler pour que les gens comprennent bien», précise l'entourage présidentiel. Une intervention soigneusement préparée, y compris dans le style faussement informel. Soit disant pour «ne pas crisper la cohabitation», témoigne un de ses conseillers. En une semaine, la Corse s'est invitée dans la campagne présidentielle.
Bons procédés. En principe, le conseil des ministres devait se dérouler «sans accrocs». «Visiblement tout avait été calé et bien ordonné pour qu'il n'y ait pas de grosse tension», confie un ministre. Mardi, l'Elysée avait annoncé que le projet de loi serait bien inscrit cette fois à l'ordre du jour de la réunion du lendemain. Et Jacques Chirac avait mis à profit cette journée pour rencontrer des journalistes. Devant eux, il critique «la gestion de combine» de Matignon et un texte ficelé «à la sauvette et de circonstances». Le soir, sans attendre le tête-à-tête traditionnel du lendemain