Maison européenne de la photographie, bibliothèque Jean-Pierre-Melville, la réputation de la politique culturelle municipale, dans les années Chirac s'est construite sur des «coups» spectaculaires, de préférence dotés d'une bonne visibilité architecturale. Une fausse note, qui n'en finit pas de grincer: le saccage de la Gaieté lyrique.
C'était l'un des plus beaux théâtres de la capitale. Erigé par Hittorf et Cuzin en 1861 et un temps dirigé par Offenbach, ce fleuron du second Empire a continué à célébrer l'opérette jusqu'à Luis Mariano. Puis il a subi des (in) fortunes diverses, dont un reprofilage en école de cirque, avec un ascenseur pour monter les éléphants, qui le laissèrent fort délabré à l'orée des années 80.
Mais la municipalité, propriétaire de l'édifice, ne voulait pas se charger de sa rénovation et de son animation. En 1987, elle concède la Gaieté lyrique à des promoteurs qui prétendaient y installer une sorte de parc d'attractions forain en intérieur. Sans discuter leurs mirifiques prévisions d'exploitation, la ville cautionna les emprunts nécessaires aux travaux pour 100 millions de francs (15,2 millions d'euros). Las! Ouverte le 19 décembre 1989, la Planète magique ferma ses portes douze jours plus tard. Tentative de relance, nouveau cautionnement, faillite retentissante...
Bilan de «cette opération mal conçue et mal gérée»,d'après l'estimation de la Cour des comptes, en 1992: une ardoise de 181 millions de francs (27 millions d'euros) pour la ville. Et un théâtre