Montpellier correspondance
Pendant six ans, elles ont essayé de prendre leur place, tenté d'expliquer qu'elles ne pouvaient pas tolérer des réflexions du genre «les femmes ne finissent jamais ce qu'elles commencent», et accepté d'avaler des couleuvres plutôt que de démissionner en cours de mandat.
Le 5 février, à la fin de la dernière séance du conseil municipal de Baillargues, village de 6 300 habitants grignoté par l'agglomération de Montpellier, Liliane Deleuze, Christiane Jullian, Rolande Grasset et Cathy Sicard, les quatre élues au féminin du conseil, ont vidé leur sac. Elégamment. Avec un texte court qui se terminait ainsi: «Avant de nous retirer, nous vous laissons les potiches que vous auriez aimé que l'on soit.» Et joint le geste à la parole. De leur sac, elles ont sorti des poteries à leur nom, les ont alignées sur la table et sont sorties. Dans un grand silence d'abord. Sous les applaudissements après.
«Chères grandes cruches». Liliane Deleuze, Christiane Jullian, Rolande Grasset et Cathy Sicard n'ont pas cherché à donner de la publicité à leur geste. «Nous avons simplement voulu aller au bout de notre mandat et de ce qui a été notre démarche pendant six ans», résume Liliane Deleuze, sous les regards approbateurs de ses trois compagnes d'infortune. Seulement, ce soir-là, le public était nombreux. Il y avait là les candidats de la liste d'opposition, d'autres de la liste de la majorité, des élus du conseil des jeunes, et de simples habitants. Dans le village, l'écho d